Disparition de la comtesse Marguerite de Tarragon : l'hommage de Pierric Rouxel
Marguerite de Tarragon (ici avec son époux feu Bertrand de Tarragon), une figure des courses françaises, nous a malheureusement quitté
Sa casaque venait de briller au Lion d'Angers avec Hoola Hoop. Fille de Elisabeth et Jean Couturié, la comtesse Marguerite de Tarragon (née Couturié) a entretenu aux côtés de son époux Bertrand de Tarragon la culture de la gagne qui s'est développée depuis de nombreuses décennies au Haras de Maulepaire. Elle nous a quittés à l'âge de 92 ans. Manager du Haras de Maulepaire, et proche de madame de Tarragon, Pierric Rouxel lui rend hommage.
" Madame de Tarragon nous a quittés, quelques jours après avoir vu ses couleurs briller une dernière fois au Lion d’Angers . Hoola Hoop lui aura procuré un vif plaisir, merci à Gaby Leenders et toute son équipe pour cet ultime cadeau ! Toute sa vie aura été rythmée par l’activité du haras du Mesnil où elle est née, ses parents étant Jean et Elisabeth Couturié. Après son mariage avec le comte Bertrand de Tarragon et jusqu’à ces derniers jours, elle avait repris le haras de Maulepaire. Mais au-delà des chevaux, sa grande et unique passion, ce fut de servir les autres. Encore jeune mariée, elle fondait ce qui deviendra l’œuvre de sa vie, un lieu unique pour les enfants défavorisés.
Cette maison a accueilli pendant plus de 50 ans de nombreux enfants ballottés par la vie, où un mode de fonctionnement totalement familial leur a permis bien souvent de se reconstruire. Privée elle-même de maternité, elle a su naturellement ouvrir grand ses ailes pour tous les poussins tombés du nid, mais aussi pour les nombreux stagiaires du haras, pour ses innombrables neveux et nièces, pour tous ceux qui, un jour ou l’autre, ont bénéficié de son intarissable affection. Sa confiance, elle l’accordait sans hésiter car elle savait très bien juger les chevaux, en particulier les jeunes poulains, mais aussi les humains.
Au décès de son mari en 2013, des amis lui conseillaient d’arrêter son exploitation, et de se reposer… Elle m’a demandé alors « crois tu qu’on doit continuer ? » Je répondis par l’affirmative sans hésitation. Elle m’a regardé alors au fond des yeux et m’a dit « alors on continue ! » Merci Tante Marguerite pour votre confiance, pour votre exemple de dynamisme, d’ouverture aux autres et d’énergie à déplacer les montagnes, quand la cause en valait la peine. Aujourd’hui, tout le personnel du haras se sent orphelin, Madame va tellement nous manquer ."
La famille Couturié est l'une des plus emblématiques des courses, surtout dans l'Ouest. Aujourd'hui, l'élevage de la famille Devin est au Mesnil, juste à côté de Maulepaire, qui est resté dans le giron Tarragon. Il y a des décennies, ces 2 entités n'en formaient qu'une en un grand haras, qui avait été l'un des premiers en France à s'ouvrir à une clientèle extérieure et étrangère, en plus de l'élevage familial. Ainsi, Jean et Elisabeth Couturié, parents de Marguerite, ont élevé sur leurs terres sarthoises un immense crack nommé Right Royal. Auteur du triplé Poule d'Essai, Lupin et Jockey Club à 3 ans après avoir été le meilleur 2 ans français, il avait aussi battu les anglais dans les King Georges et terminé 2e de l'Arc. Ce cheval devenu symbole dans toute l'Europe était tellement fameux que la Reine Elisabeth II d'Angleterre lui avait rendu visite en 1967 lors de ses vacances sur notre sol, alors qu'elle avait confié une de ses juments pour la saillie du champion aux époux Couturié ! Ce fut un souvenir marquant pour la comtesse Marguerite de Tarragon. A toute sa famille et ses proches, la rédaction de France Sire adresse ses plus sincères condoléances.
La visite de la Reine Elisabeth II d'Angleterre à Maulepaire en 1967