Usuelo, le roi du contre-pied

01/05/2012 - Actualités
Un gagnant de Groupe à Longchamp ayant débuté sa carrière sur les haies, portant le nom d’un AQPS voire d’un trotteur, et élevé par un nom qui résonne justement très fort à Vincennes, M. et Mme Duvaldestin, avouez que ce n’est pas commun. Unique même !

 

Un palmarès particulier
 
Usuelo affiche aujourd’hui une carte d’identité riche de cinq victoires et de quatre places en neuf sorties. Son plus mauvais résultat, il l’a enregistré pour ses grands débuts en course sur…les balais. Peu convaincu par les compétences de son poulain, Jean-Luc Guillochon (ancien titulaire de la Cravache d’Or de l’Ouest) décide de faire différemment de ses habitudes et lance Usuelo assez tôt (au mois de mars de ses 3 ans) dans le grand bain à Bordeaux. Cinquième au passage du poteau, le pur-sang au nom d’AQPS n’enthousiasme pas à son entourage. Si bien qu’il est dirigé sur une course de plat pour sa deuxième tentative à Royan. Résultat : un premier succès au plus bas niveau de l’échelle. Puis, plus le temps passe et plus le protégé de Jean-Luc Guillochon révèle ses talents, passant en l’espace de 12 mois et demi d’une course G au Groupe III. « Il est tout simplement tardif et ne cesse de progresser, analyse l’entraîneur sarthois. Je l’ai fait castrer à 2 ans car ses origines le prédestinaient plus à l’obstacle qu’au plat et pas vraiment à une hypothétique future carrière d’étalon. Je n’ai aucun regret aujourd’hui de l’avoir fait. Le succès de dimanche est superbe et on va maintenant suivre la filière classique sur longue distance. Mais je ne rêve pas trop, les meilleurs n’étaient pas là et les Anglais non plus ! »
 
 
Usuelo
 
 
 
Un patronyme particulier
 
Son nom ne sonnerait pas faux dans un commentaire endiablé de Pierre-Joseph Goetz à Vincennes. Usuelo a été nommé comme tous ses frères et sœurs à la lettre, comme les trotteurs. Il est né en 2008, son nom débute donc par un « U » ! Ses éleveurs, Mme et M. Jean Duvaldestin (les parents de Thierry, l’entraîneur de Ready Cash) appliquent en effet le même précepte avec leurs poulinières trotteuses et leur seule mère pur-sang, Gezabelle (un nom qui trotte aussi). Mon P’tit Loup (1 victoire) fut le premier de la liste de cette poulinière avant d’être suivi de Norabelle (6 victoires), d’Orabelle (5 victoires), de Parenthèse (2 victoires), de Reinabelle et de Smash (bientôt de retour et capable de gagner sa course).Une exception tout de même au cœur de cette série avec le foal né en 2007, Gobi, qui a miraculeusement échappé au triste sort de s’appeler Tobi…Comme tous ses frères et sœurs, il n’a en effet rien d’un chien, ayant déjà gagné 3 courses. Le petit dernier s’appelle Americano, respectant la recette maison. Santé !
 
 
 
Thierry Duvaldestin le Fils
 
 
 
Des éleveurs comblés
 
Marie-Claude et Jean Duvaldestin sont des agriculteurs installés à La Ferté Fresnel (Orne) depuis déjà de longues années, ayant eux-mêmes repris les terres de leurs parents. Leur plus grand plaisir : élever des chevaux destinés à trotter (issus de 3-4 poulinières) et d’autres a priori à l’obstacle (issus d’une seule poulinière pur-sang : Gezabelle). Gezabelle est une fille de Garde Royale et de Soicaline, jument que détenaient aussi les époux Duvaldestin. Celle-ci, sœur de Oh Calin (2ème du Congress 2005 et à la tête d’un palmarès de 15 succès) est issue de Kermaline qui avait aussi donné à ses éleveurs Portsall, vainqueur de Listed à Longchamp. « C’est vrai qu’on a connu pas mal de joies avec nos juments. Nous n’avons toujours gardé qu’une poulinière et elles étaient toutes issues de la même souche qui remonte à une famille qui appartenait à M. Edmond Blanc, précise Mme Duvaldestin. La grand-mère de Gezabelle, Kermaline a aussi donné la très bonne Gaspara mais aussi Gaspaie d’où Garline (NDLR : gagnante de 7 longueurs pour ses débuts à Enghien le 20 avril dernier). Et puis, elle a réalisé l’exploit de voir cinq de ces produits gagner la même année au moins une course. » En 1989, Quipo (7 ans), Reps (6 ans), Soicaline (5 ans), Tsarine (4 ans), et Unito (3 ans), tous issus de Kermaline, avaient remporté leur épreuve !
 
 
Jean-Luc Guillochon
 
 
De succès en succès, cette fantastique souche maternelle n’a donc cessé d’élargir son cercle vertueux depuis près de 50 ans.
Succédant à François Bellanger ou à Jean-Pierre Gauvin, Jean-Philippe Dubois a géré la carrière de très nombreux produits de la famille. Le professionnel multi-cartes aurait pu, d’ailleurs, aussi s’occuper de Usuelo s’il n’avait choisi l’autre poulain présenté le même jour par les Duvaldestin. Impossible pour lui de prendre les deux et il suggéra alors le nom de Jean-Luc Guillochon, natif lui aussi de la Ferté-Fresnel (le monde est décidemment tout petit). On connait la suite…
Côté étalons, les « Duvaldestin » aiment entretenir un principe marqué du sceau du bon sens : « On regarde surtout les étalons stationnés pas trop loin de chez nous. » Usuelo offre ainsi un coup de projecteur presqu’inespéré au nouveau pensionnaire du Haras de la Rousselière Epalo. Le dernier de la liste, Americano, fils de Sageburg, a été acheté par la famille Papot (très fan des mères par Garde Royale). Et le prochain élu de Gezabelle n’est autre que Montmartre. « Guy Chérel nous a toujours conseillé d’apporter de la vitesse sur notre courant de sang. C’est notre deuxième argument pour le choix de l’étalon. » Quelle pourrait être alors la suite ? Un gagnant de Groupe sur 2400 mètres ? Et pourquoi pas ?
 
 
Epalo

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