La fameuse Présidence de France Galop : une élection sans programme ?
- Loïc Malivet, actuel Vice Président de France Galop, soutenu par le Président sortant Bertrand Bélinguier. Il réprésente la continuité même s'il ne cache pas des divergences de points de vue et de méthodologie. Il revendique être un homme de terrain en même temps qu'un homme de dossier.
- Edouard de Rothschild, auteur de 2 mandats puis battu par Bélinguier et d'Indy en 2011 et qui tente un come back fracassant. Après quelques années de grande discrétion, l'éleveur propriétaire d'Esotérique a fait son grand retour aux courses classiques au printemps, puis a même ratissé sur le champ de l'obstacle à Auteuil et en province à l'automne. Il réprésente donc le retour, bien qu'il a annoncé pendant sa campagne avoir des idées nouvelles, ayant appris de son expérience précédente.
- Philippe Augier. Maire de Deauville depuis 2001, ancien dirigeant des jeunes giscardiens, ancien patron de l'Agence Française, pendant près de 3 décennies à partir de 1977. Actuellement membre actif du Nouveau Centre, proche d'Hervé Morin, qui fut longtemps pressenti comme un candidat potentiel avant de se focaliser sur la nouvelle grande région de Normandie, il représente la nouveauté dans un cadre traditionnel, faisant partie des cooptés qui ne sont quand même pas le symbole d'un modernisme effrené.
- Le cas de Daniel Augereau, qui n'a pas caché ses prétentions depuis le début de l'automne, reste une éventualité plausible. L'un des fondateurs de l'Asselco, il s'est surtout fait connaître dans le monde de l'entreprise en tant que PDG de Synergie, le grand groupe de travail temporaire. Auteur d'un rapport sur "l’évolution de l’institution des courses dans le contexte de l’ouverture à la concurrence du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne", à la demande de François Fillon, alors 1er ministre lorsqu'il l'a reçu en février 2012, 3 mois avant l'échec de Sarkozy à la Présidentielle. Il n'a cessé depuis de reprocher à France Galop d'avoir utilisé ce rapport pour caler une armoire plutôt que pour y trouver des éléments de progrès.
- L'homme providentiel. Voilà qui n'est pas simple à trouver. Par nature, ce genre de messie est rarissime et se dégage de la masse surtout en temps de crise extrêmement grave. Le problème est que le Général de Gaulle est mort, sans jamais avoir été remplacé, que Jean-Luc Lagardère est mort aussi, et que n'est pas homme providentiel qui cherche à le faire croire. Nous avons aujourd'hui l'exemple de Nicolas Sarkozy, l'absolu contraire du Général, et dont la tentative de retour est encore plus sombre que l'excercice et la perte de son pouvoir. La droite, sinon le pays entier, paie ainsi le prix le plus fort de son aveuglement. Enfin, en faisant un peu de psychologie de comptoir, on vient à penser que chercher un homme providentiel trahit une nappe de faiblesse dans l'électorat, d'ailleurs tout à fait sensible à la Présidentielle de la République française. Ainsi, tout le monde, se gardant bien de prendre ses responsabilités, pourrait ainsi se cacher à l'ombre d'un personnage supposé tout faire, tout savoir, tout régler... et finalement prendre tous les coups à la place des autres, jusqu'à temps que la déception qu'il génère fatalement l'amène dans la position de cible pour tomates pourries.
En conclusion, la vraie question est de savoir si on a déjà besoin d'un sauteveur "Superman" comme lorsque le pays était envahi de nazis, ou quand les courses de galop étaient tombées en poussière, en schlérose et en ruine financière au début des années 90, avant la décentralisation décidée d'un grand coup de poing sur la table par Lagardère. Si oui, attention les yeux : il va falloir accepter de prendre des coups de pieds au cul et avancer.
- Le pantin. A priori, il est plus aisé de trouver des candidats pour ce rôle que pour l'homme providentiel. Comme toujours, dans n'importe quelle société, certains hommes d'influence veulent gérer le pouvoir mais sans être calife à la place du calife. Le problème est que cette solution ne marche jamais. Soit le pantin en question prend du galon, et les relations avec les généraux et cadres frustrés deviennent délétères au point de provoquer des putschs. Soit les membres des "shadow cabinets" conduisent le signataire dans toutes les directions, donc pas la bonne.
- Le carnet d'adresses. Il s'agit en l'occurrence du personnage détenant comme atout essentiel un carnet d'adresses très bien garni, souvent grâce à son nom et son éducation, supposé lui permettre de franchir quand il le souhaite les portes des ministères de tutelle (Budget, Agriculture), quelles que soient leur couleur politique. Là encore, cette perspective reste peu réjouissante. Cela tendrait à confirmer que dans ce pays, toute activité d'un certain niveau doit sa vie ou sa mort à la volonté d'un costumé ministériel, souvent intermittent d'un spectacle dramatique pour des durées d'embauche très aléatoires. Récemment, sous Sarkozy, toutes les conditions favorables étaient réunies : un Président de l'institution au patronyme célèbre (Rothschild) et un gouvernement avec au moins 3 ministres (Fillon, Woerth, Morin) tout à fait sensibles à la cause équine. Et alors, des conclusions ? Ben pas grand chose qui nous a assuré des lendemains qui chantent. Et Lagardère, qui avait le carnet d'adresse en plus de l'envergure de l'homme providentiel, est mort sans remplaçant.