Winneyev : l'héritier de Mirande enlève le Grand Prix de Pau 2016.
La grande joie pour le clan Pacault, autour de Winneyev et la casaque du Haras de Mirande. ©David Le Deodic
"C'est une victoire qui a fait remonter beaucoup d'émotions et de souvenirs, c'est pour cela que j'ai un peu craqué à l'arrivée !". Ce sont là les mots d'Isabelle Pacault, 48 heures après la victoire de Winneyev dans le 129ème Grand Prix de Pau.
Tout commence quelques mois après le décès de son père, Jean-Claude Evain, qui avait acheté et dirigeait le Haras de Mirande. Isabelle Pacault et deux de ses cinq frères, les plus intéressés par les chevaux, reprennent la gestion de la structure familiale. Lors des ventes d'élevage Arqana 2005, le Haras du Manoir vend son effectif pour cessation d'activité et Valse Lady, une jument par Top Waltz et Lady Mere, pleine de Volochine avec un foal du même étalon, tape dans l'oeil d'Isabelle qui se porte acquéreur de l'ensemble, à l'amiable, pour 7000 €.
Un peu plus de trois ans ont passé lorsque ce foal est devenu une belle pouliche alezane qui répond au nom de Lady Chine et fait des débuts victorieux sur les haies paloises. Malheureusement, trois courses plus tard, Lady Chine se brise le pied sur une barre d'appel... à l' époque en bois exotique.
Isabelle Pacault déclare : "Même si tout le monde était extrêmement pessimiste, nous avons voulu tenter l'impossible et réparer ce pied. Sans qu'il y ait eu un acharnement exagéré, la pouliche s'est doucement remise et, après un an de boxe, a pu être considérée comme sauvée de justesse ! Il était maintenant l'heure de lui trouver un étalon. Comme elle était intransportable, nous avons choisi un pensionnaire de la maison : Goldneyev."
Goldneyev, père de Winneyev et, avant lui, de Lord Carmont pour la même casaque.
Propriété de la famille Wertheimer et dauphin de Kendor dans la Poule d'Essai des Poulains en 1989, Goldneyev est évidemment très bien né. Issu des oeuvres de Nureyev, il est le fils de la championne Gold River, lauréate du Prix de l'Arc de Triomphe en 1981 ainsi que des Prix du Cadran et Royal Oak. C'est également la troisième mère d'une certaine Goldikova...
Placé par ses propriétaires au Haras d'Ayguemorte près de Bordeaux, et malgré la production d' éléments comme Gold Away, il ne rencontre pas le succès espéré auprès des éleveurs. Le Haras de Mirande va donc l'accueillir pour la suite et fin de sa carrière, afin de le croiser avec une jumenterie AQPS et obtenir des sujets comme Lord Carmont, triple lauréat de groupe et deux fois sur le podium du Grand Steeple-Chase de Paris.
Revenons maintenant à Winneyev qui est donc né de la miraculée, Lady Chine, et du mal-aimé, Goldneyev, lors de sa dernière saison de monte à 24 ans et avant de nous quitter au mois d'août 2010... ce qui ne fait qu' ajouter de l'émotion à cette belle histoire !
Winneyev a très rapidement montré de la qualité en décrochant de nombreux accessits jusqu'à sa deuxième place dans le Prix Fifrelet (L). Il faudra attendre le meeting palois 2014-2015 pour commencer à engranger les victoires. Confirmation dans la foulée pour son retour à Auteuil : il enlève le Prix Duc d'Anjou (Gr.3) à la lutte avec Kobrouk. Régulier par la suite, Isabelle Pacault l'estime un peu barré chez les meilleurs 4 ans et tente un retour sur les haies mais : "Cela n'a pas été concluant car il avait tendance à se précipiter. Etant un excellent sauteur, on est revenu sur les gros. Après une rentrée encourageante derrière un pensionnaire de la "maison", Forthing, il a su prouver ses qualités dans la belle course où tout s'est passé pour le mieux. Winneyev a parfaitement récupéré et, même si rien n'est fixé pour la suite, on regarde ce qui se passe dans les engagements du Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr.3)..."
Lorsqu'on évoque ce meeting 2015-2016 et les victoires d' Amirande et Toutancarmont, l'éleveuse-entraîneur précise : " Ce sont deux produits de Furie de Carmont qui a été sauvée elle aussi ! Après une fracture du boulet à Auteuil , j'ai traversé tout le champ de course pour que le vétérinaire n'est pas un geste irrémédiable et je crois que j'ai eu raison...Mais pour revenir au sportif, le meeting n'est pas fini et ce que je veux absolument : c'est le Grand Cross !"
Rendez-vous est donc pris dans moins de deux semaines pour poursuivre les belles histoires...
Alexis Poirier et Winneyev, quelques secondes après avoir dominé le Grand Prix de Pau 2016.©David Le Deodic