Prix Troytown : Jemy Baie le valait bien !
Avec un coeur aussi gros que lui, Jemy Baie repousse les derniers assauts de Saint Pistol et Milord Thomas.©APRH
Le moins que l'on puisse dire, et écrire, c'est que Jemy Baie n'a pas eu une trajectoire ordinaire. Avec son physique "timide" mais un coeur plus gros que lui, le fils de Crillon a mis du temps à s'affirmer en compétition et à plaire à ses différents entourages. Rappelons nous, il y a un an, après un excellent meeting d'hiver palois qui l'avait vu s'imposer dans le Grande Course de Haies de Pau (L), le pensionnaire de Michel Postic dominait ses adversaires pour son retour à Auteuil et sur le Steeple-Chase, dans le prisé gros handicap Prix Karcimont. C'était l'occasion pour France-Sire de revenir sur la jeunesse de Jemy Baie, avec son éleveur, André-Jean Belloir, qui nous confiait :
"Il est tout d'abord parti chez son premier entraineur mais il est revenu dans un lot. Il est resté au pré. Ensuite, il est reparti chez un deuxième entraineur avec un autre cheval mais celui-ci n'a gardé que l'autre et a renvoyé Jemy Baie. N'ayant plus de solution, j'ai dû me résoudre à appeler un marchand de bestiaux qui l'a embarqué pour le prix de boucherie : 500 €. Mais ce dernier avait dans son camion un Irish Cob, qui n'allait pas à la boucherie. En repartant, il est passé à Dragey chez Patrice Quinton pour montrer l'Irish Cob à sa fille, qui s'y intéressait mais n'en n'avait jamais vu en vrai. Quelques minutes plus tard, il repart de chez Patrice Quinton tandis que Jemy Baie n'était pas descendu du camion. Sur les petites routes de Dragey, le marchand croise un de ses amis qui lui dit rechercher un petit cheval pas cher pour faire du concours complet ! Il m'appelle pour savoir s'il peut le revendre 550 €, histoire de payer ses frais de déplacements. Bien sûr j'étais d'accord, content d'avoir pu lui sauver la tête. L'acheteur, lorsqu'il travaille son cheval sur la plage, se rend vite compte qu'il va plus vit que certains chevaux de course... Il confie alors Jemy Baie à un entraineur (le toisième...). Mais de nouveau, retour à l'envoyeur. Puis Michel Postic accepte de l'essayer..." (cliquez ici pour lire l'intégralité de l'article)
Crillon, le père de Jemy Baie, avec André-Jean Belloir à l'Elevage de la Baie dans la Manche, tout près du Mont-Saint-Michel.
Durant les douze derniers mois, Jemy Baie a continué à évoluer. Après son succès dans un gros handicap, il a donc poursuivi dans la voie qui mène au Grand Steeple-Chase de Paris (Gr.1). Début avril 2015, sa quatrième place dans le Prix Murat (Gr.2) conforte Michel Postic dans le fait que son élève peut regarder les meilleurs de la discipline droit dans les yeux. Mais dans le grand rendez-vous, il fait chuter son jockey, Kévin Nabet, au saut du Rail-Ditch en laissant d'énormes regrets car il semblait encore très à l'aise derrière les leaders. A noter que le podium du Grand Steeple-Chase de Paris 2015 était composé des trois chevaux qu'il a devancé ce samedi : Milord Thomas, Shannon Rock et Saint Pistol.
Son retour dans le Prix Richard et Robert Hennessy (L) le voit dominer Vezelay pour un nouveau titre dans une Listed. Mais le fils de Dom Alco prend sa revanche, un mois plus tard, dans le Prix Heros XII (Gr.3) et Milord Thomas s'intercalle même entre les deux... La marche des groupes semblent difficile à franchir ! Impression confirmée dans la plus belle épreuve de l'arrière saison, le Prix La Haye Jousselin (Gr.1), où il chute au gros Open-Ditch. Mais le fils de Crillon n'est pas marqué puisqu'il pousse Pythagore dans un magnifique duel à l'issue du Prix Georges Courtois (Gr.2), devant tout de même se contenter du premier accessit.
Après avoir été arrêté dernièrement, avant le passage final de la double barrière dans le Prix Robert de Clermont-Tonnerre (Gr.3), on pouvait avoir des doutes sur la forme et la compétitivité du pensionnaire de Michel Postic. Mais Jemy Baie ne doit jamais être condamné,on devrait maintenant le savoir, et il a donc montrer son meilleur visage ce week-end pour décrocher son plus beau titre et offrir également une première dans les groupes à son jeune jockey Angelo Gasnier. L'ancien Gentleman-Rider se construit lui aussi une belle carte de visite, progressivement.
Angelo Gasnier et Michel Postic, des hommes émus et heureux, qui entourent leur star : Jemy Baie ! ©APRH
Du côté de l'élevage, on notera que Jemy Baie est issu d'une fille de Mansonnien, Jemycienne, et des oeuvres d'un étalon de plus en plus confirmé : Crillon. Ce dernier stationne à deux pas du Mont Saint-Michel, à l'élevage de la Baie, chez André-Jean Belloir, éleveur de Jemy Baie comme vous l'avez compris. En effet, le représentant du sang de Saumarez continue, génération après génération, à produire des sauteurs de premier plan. On peut citer Buveur d'Air, qui avait débuté par deux succès en deux courses plates pour Philippe Chemin et qui poursuit une belle carrière outre-manche chez Nicky Henderson : l'élève de Gérard Ferte vient de terminer sur le podium de l'important Supreme Novices' Hurdle (Gr.1) lors du festival de Cheltenham qui vient de se clôturer. N'oublions pas Alex de Larredya, élevé par la famille Laval, qui a montré beaucoup de talent sur nos hippodromes. A 4 ans, il a dominé sa génération à Auteuil dans de belles épreuves réservées aux AQPS et il a conclu 2015 par deux magnifiques accessits dans des épreuves relevées : le Grand Steeple-Chase d'Enghien (Gr.2) et le Prix Général Donnio (L) à Auteuil.