Gérard Augustin-Normand : " Mais comment le PMU en est-il arrivé là ? "

09/10/2023 - Actualités
Le grand propriétaire Gérard Augustin-Normand livre un édito lapidaire sur la stratégie du PMU. En peu de mots, l'homme de Le Havre et tant d'autres vedettes s'insurge comme le fait que le PMU lui semble avoir pris le pari hjippique en allergie. Il exhorte la future présidence de France Galop à en reprendre le contrôle. Lire le texte complet ci-dessous.


Gérard Augustin-Normand (photo APRH)
 

L'heure est venue....

A quelques semaines des élections, il serait peut-être temps que les électeurs et les candidats à la Présidence du Trot et de France Galop commencent à réfléchir à un sujet qui n'a pas semblé les préoccuper beaucoup jusqu'à présent : le PMU
Les sociétés mères qui contrôlent ce G.I.E, unique source financement des courses hippiques et de la filière dans son ensemble, doivent le diriger et assumer pleinement leurs responsabilités en reprenant en main le PMU, laissé à lui-même depuis quelques années.

Philippe Germond, Président du PMU de 2009 à 2014, dressait il y a quelques jours dans le JDG un sombre tableau de l'évolution de la part du PMU sur le marché des jeux d'argent depuis dix ans : divisé par deux, comme le nombre de parieurs hippiques, divisé également par deux sur la période.

Comment en est-on arrivé là ?


Tout d'abord en renonçant à investir sur le marché en fort développement des paris sportifs. On peut en débattre, cela aurait pu se comprendre si les dirigeants du PMU avaient choisi de se concentrer sur leur cœur de métier, les paris hippiques, là où ils sont encore aujourd'hui en position dominante, et même en situation de monopole sur le réseau physique.

Au lieu de cela, ils semblent avoir développé depuis quelques années une curieuse allergie au pari hippique. Mal à l'aise dans un univers qu'ils connaissent mal et qu'ils jugent trop complexe, ils veulent transformer la nature de leur offre produit.  Richard Viel, Président du PMU, ne s'en est pas caché il y a quelques semaines sur Equidia : « Il sera pertinent pour le PMU demain d'élargir son offre du pari vers les jeux»

Quel aveu!


A coups de gadgets - nft, boosters, bons à parier, super samedis, question du jour -, les dirigeants du PMU pensent peut-être recruter de nouveaux clients, mais ils n'ont pas compris que les plus fidèles, les amoureux des courses et du pari hippique, n'aiment pas ce monde du jeu de hasard vers lequel on veut les entraîner.
Le pari hippique n'est pas un jeu de hasard, il requiert une réflexion, une connaissance, une expérience où le parieur cherche justement à réduire la part de hasard, et, quand il y réussit, quel bonheur !


Par ailleurs, tous ces cadeaux pour attirer de nouveaux clients ne sont pas gratuits: ils sont pris dans la caisse des parieurs hippiques et ils coûtent cher.


Au lieu de cultiver leur propre jardin où leur position est forte, les dirigeants actuels du Pmu semblent vouloir jouer sur le terrain de l'adversaire, sur un terrain très concurrentiel où ils n'ont aucun avantage compétitif,  bien au contraire.
Pourquoi vouloir concurrencer la FDJ sur le terrain des jeux de hasard ? Ne vaudrait-il pas mieux s'en faire un partenaire pour développer ensemble cette gamme de jeux que le PMU semble aujourd'hui privilégier?
Il pourrait alors se concentrer pleinement sur son cœur de métier et satisfaire ses fidèles clients qui rêvent tout simplement de trouver le gagnant d'une course !

Le lancement, il y a quelques mois, sur internet uniquement, d'un jeu vertical, le « big 5 », qui récompense les parieurs avisés qui trouvent les gagnants de 5 courses d'une réunion donnée, laissait espérer : en l'absence de gagnants, les sommes encaissées par les parieurs devaient en principe alimenter la cagnotte pour les jours suivants et " le big 5 " pouvait en théorie proposer un jour des gains très importants comparables à ceux offerts par le loto ou l'euromillions.

On pouvait rêver !

Et bien non, on ne rêve plus :  les sommes non encaissées par les malheureux parieurs ne sont pas remises en jeu, mais captées, pour l'essentiel, par le PMU.


On comprend vite que les sommes offertes n'augmenteront pas, ou très modestement, et que " le big 5 " vivotera quelque temps avant de disparaître faute de combattants.


Un énième bricolage du Quinté vient d'être annoncé, mais, à vouloir satisfaire le plus grand nombre, il mécontentera à coup sûr les amoureux du pari hippique.


Dans ces conditions, le déclin du pari hippique est-il inéluctable? Il n'y a pas de fatalité. Le Gentleman d'Epsom a bien vieilli, mais il respire encore.  Souhaitons que les prochains Présidents de France Galop et du Trot reprennent rapidement le contrôle effectif du PMU qui doit revenir à ses fondamentaux :  le pari hippique !

Gérard AUGUSTIN-NORMAND

 

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