Noozhoh Canarias, c'est la grande classe !

01/04/2014 - Actualités
L’icône du turf espagnol n’a fait qu’une bouchée de ses adversaires pour sa rentrée dimanche 30 mars sur l’hippodrome de La Zarzuela à Madrid. Dauphin de Karakontie l’an passé dans le Grand Critérium de Longchamp, Noozhoh Canarias conserve son invincibilité sur ses terres et part à la conquête de l’Angleterre dans les 2000 Guinées. France Sire était à Madrid et vous fait revivre de l’intérieur la course la plus importante de ces 20 dernières années en Espagne.
Noozhoh Canarias, le Frankel espagnol?
 
« Je suis vraiment content de voir qu’il y a autant de monde à l’hippodrome », confesse Juan Carlos Bolaños une heure avant le début de l’épreuve fatidique. Le copropriétaire de Noozhoh Canarias, un fils de Caradak, a le sourire aux lèvres malgré la pression qui pèse sur les épaules de son crack : « Nous sommes attendus au tournant et nous avons plus à perdre qu’à gagner. Mais je voulais que l’on fasse ce cadeau aux turfistes espagnols, qu’ils puissent voir une dernière fois Noozhoh à Madrid, là où tout a débuté. Je suis confiant, encore plus depuis que le Real Madrid, dont je suis fan, a étrillé hier soir le Rayo Vallecano 5-0. C’est un heureux présage ! ». Enrique Léon, l’entraîneur de Noozhoh Canarias, a le visage beaucoup plus fermé et reste vigilant : « Buscavidas est déjà bien affûté et Arkaitz, qui est engagé dans la Poule d’Essai des Poulains française, est invaincu. Ce qui m’importe le plus, c’est que le cheval ait une bonne course en vue de son objectif à Newmarket ». De son côté, Olindo Mongelluzzo, le cavalier d’entraînement de Noozhoh, n’a pas fermé l’œil de la nuit : « Je ne suis pourtant pas d’un naturel nerveux…mais là, j’ai pensé à cette course toute la nuit. Et si nous nous étions trompés avec Enrique ? Et si Noozhoh n’était pas à la hauteur de l’événement ? ».
 
 
Juan Carlos Bolaños à gauche et son frère, propriétaires de Noozhoh Canarias
 
 
Car il faut bien admettre que la stratégie des responsables de l’hippodrome de La Zarzuela s’est avérée payante. Une opération menée de main de maître par trois femmes au fait des moyens modernes de communication : Eva García, Ana Chavarrías et Faina Zurita, la présidente de l’hippodrome. « Nous avons assuré la plus large couverture médiatique possible à la rentrée de Noozhoh Canarias à Madrid. C’est un peu comme une renaissance des courses espagnoles car l’hippodrome a été fermé pendant près d’une décennie entre le milieu des années 1990 et 2000. Jamais un poulain né et élevé en Espagne n’avait été aussi performant et voir autant de monde aujourd’hui malgré les fortes pluies, c’est une énorme satisfaction ». Si la météo capricieuse de ces derniers jours n’a pas rebuté les spectateurs, elle a par contre eu une forte incidence sur l’état du terrain, passé de 2,6 au pénétromètre à 4. Or le fils de Caradak n’est pas un adepte des pistes lourdes, ce qui donne tout son sel à ce Premio Torre Arias, disputé sur 1400 mètres.
 
Il est 14h25 lorsque les 7 protagonistes du temps fort de la réunion sortent des stalles de départ et dans le clan de Noozhoh Canarias, tout le monde retient sa respiration. Les doutes sont rapidement dissipés. Comme à son habitude, le représentant de la casaque Bolaños part le plus vite et galope en tout décontraction à 5 petits mètres de la lice, là où le terrain est le meilleur. Il faut dire que son jockey, l’habile José Luis Martinez, connaît son partenaire et l’hippodrome sur le bout des doigts. Dans le tournant final, Noozhoh Canarias compte déjà 3 longueurs d’avance sur ses rivaux et à l’entrée de la ligne droite, il se détache irrésistiblement. Du haut de la Tribune Nord, la famille Bolaños donne de la voix : « Allez Noozhoh, Allez !, s’écrit Juan Carlos imité par l’ensemble des aficionados qui encouragent leur champion jusqu’au poteau. « Le numéro 1 Noozhoh Canarias s’en va signer un succès MAGISTRAL ! », s’exclame le commentateur de l’hippodrome dont la voix enjouée est presque masquée par la clameur du public. Noozhoh Canarias gagne finalement arrêté avec 7 longueurs d’avance sur son rival Arkaitz et une explosion de joie retentit dans les travées de l’hippodrome. Installé derrière les propriétaires, Enrique Léon esquisse un sourire avant de tomber dans les bras d’une Faina Zurita aux anges. Le metteur au point d’origine canarienne a réussi son pari : « Je savais qu’il serait capable de faire encore mieux à 3 ans et c’est la raison pour laquelle j’avais dit à ses propriétaires de ne pas donner suite à l’offre de 1,5 millions d’euros en provenance de Hong-Kong. Noozhoh a encore une grosse marge de progression et il a cette envie de gagner que seuls les grands chevaux ont. Je voulais qu’il effectue une bonne course de rentrée avant son déplacement en Angleterre. C’est désormais chose faite. Quel champion ! ». José Luis Bolaños, le frère aîné de Juan Carlos, est ému aux larmes : « C’est merveilleux, quel spectacle. J’ai vécu quelque chose de très fort ».
 
A son retour devant les tribunes sur le gazon, Noozhoh Canarias est accueilli sous une pluie d’applaudissements. De nombreux spectateurs accourent le long de la lice pour lancer des « Bravo ! » à l’attention de Noozhoh et de José Luis, un duo toujours invaincu en compétition : « Tout s’est déroulé comme dans un rêve et je suis content qu’autant de personnes aient fait le déplacement. Ca fait vraiment chaud au cœur. En ce qui concerne la course, je n’ai aucun mérite : le cheval a tout fait tout seul, comme un grand. Je ne sais pas si ce sera moi qui le monterai à Newmarket mais une chose est sûre, il sera dur à battre ». Acheté 11 000 euros yearling aux ventes de la Dehesa de Milagro à Saint-Sébastien, le conte de fée de Noozhoh Canarias n’est pas prêt de s’arrêter : « Je savais qu’il allait gagner !, s’extasie José Hormaeche, l’éleveur de l’idole. « Il a beaucoup de classe et ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin même si ce sera beaucoup plus dur dans un mois dans les 2000 Guinées. Le rêve continue, comme avec sa propre sœur, Corazón Canarias (top-price des ventes de la Dehesa de Milagro en 2013), qui devrait d’ailleurs débuter dans quelques semaines. Encore de belles émotions en perspective ! ».
 
Voir la rentrée victorieuse de Noozhoh Canarias, ce dimanche 30 mars 2014
 

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