Blue Rose Cen et l'Hôtellerie : le triomphe classique des grands "Garçon"

Guillaume et Jean-Pierre Garçon (sans oublier Isabelle !) ont fêté une première classique avec Blue Rose Cen 

2012, c'était il y a seulement 11 ans, mais déjà 11 ans... Dans ce laps de temps, la famille Garçon a lancé le Haras de l'Hôtellerie dans l'Orne, partant d'une ferme laitière où tout restait à faire. A force de travail, d'agrandissement, et de bons résultats en piste, Jean-Pierre, Isabelle et Guillaume Garçon sont arrivés à la tête d'une structure qui accueille aujourd'hui 100 juments ! Et depuis dimanche, les voilà "classiques" grâce à Blue Rose Cen. La lauréate de la Poule d'Essai des Pouliches est née et a grandi à l'Hôtellerie pour le compte de la Yeguada Centurion, qui sera aussi représentée ce week-end à Auteuil dans le Aguado avec le très prometteur Jigme... qui appartient en partie aux Garçon ! Une semaine de folie en perspective, et des histoires de rencontres. 

Blue Rose Cen (aprh)

 Dès leur première année au Haras, la famille Garçon a fait grandir et vendu l'excellent Mubtaahij, lauréat de l'UAE Derby, et surtout des Awesome Again Stakes (Gr.1) aux Etats-Unis. Il fut le premier champion de l'Hôtellerie. 10 ans plus tard, la percée s'effectue au niveau classique avec Blue Rose Cen. Guillaume Garçon explique : " C'est une immense satisfaction que de gagner un classique, même si toute grande victoire est belle. C'est notre métier de rendre heureux nos clients. Je ne peux pas dire que Blue Rose Cen sortait du lot à l'élevage. Elle était assez belle, et n'a surtout jamais eu aucun problème. De là à la voir arriver à ce niveau, on ne pouvait pas savoir...". 

Guillaume Garçon et sa compagne (tout à gauche) sont venus suivre à Longchamp le succès de Blue Rose Cen dans la Poule (aprh)

L'histoire de ce premier classique est celle de la rencontre avec Leopoldo Fernandez Pujals, l'homme de la Yeguada Centurion. Ce grand industriel espagnol, qui a une ferme de 1000 hectares dans son pays, est arrivé sur la scène française et internationale depuis peu, et n'a fait naître ses premiers produits qu'en 2019. Issue de la 2e génération, née à l'Hôtellerie, Blue Rose Cen arrive vite, mais est le résultat d'une politique d'investissement massif. Guillaume Garçon explique : " Quand il s'est lancé, Mr Pujals a visité beaucoup de Haras, dont le nôtre. Cela s'est fait un peu par hasard, car je connaissais Francisco Bernal, qui le conseillait à l'époque. Dès le début, il nous a prévenu que l'idée était d'acheter son propre haras, ce qu'il a fait près de Montaigu, où les constructions sont en cours de finition. Il est arrivé chez nous au moment où nous avions acquis de nouvelles terres. Cela tombait parfaitement. Nous avons une grosse partie de sa jumenterie, environ une quarantaine de poulinières, et nous préparons ses yearlings pour les ventes."

Guillaume Garçon poursuit : "Mr Pujals veut faire de la Yeguada Centurion un grand nom de l'élevage, et pour cela, il s'en est donné les moyens. Il a compris qu'il fallait beaucoup de turn-over dans la jumenterie pour créer une base solide, et une jument comme Blue Rose Cen sera bien sûr une recrue de choix. Surtout, il est sorti des sentiers battus, en achetant parfois des excellentes juments de courses qui manquaient un peu de pedigree, ou en allant chercher des juments aux Etats-Unis. Il a ainsi ramené des souches faciles à croiser, et de la vitesse. C'est un gros investissement, et c'est super qu'il s'en voit récompensé aussi vite. Il n'a aussi pas hésité à faire confiance à Christopher Head, un jeune entraîneur, plutôt que de viser des noms plus classiques. Une vraie relation de confiance s'est ainsi construite, avec une vision à long terme autant sur la carrière de course que le futur à l'élevage."

Leopoldo Fernandez Pujals, l'homme de la Yeguada Centurion

Actuellement, Blue Rose Cen est la star de l'écurie, et sa mère Queen Blossom, vient de pouliner : " Queen Blossom a perdu un foal au poulinage, et n'a donc pas pu être saillie l'année suivante. C'est pour ça qu'il y a un petit trou dans sa production. Elle est actuellement suitée de Frankel, et retourne à ce même étalon." L'autre espoir classique, Big Rock, a lui grandi au Haras de St-Eloy, chez Titouan Amorin-Tournemire. Mais la Yeguada Centurion, c'est aussi un grand espoir en obstacle, puisqu'ils sont les éleveurs de ...Jigme qui appartient en partie à la famille Garçon. Une belle histoire : " En fait, Jigme a été présenté à une vente de plat, mais nous trouvions vraiment qu'il avait le profil pour l'obstacle. Nous connaissons bien sa propriétaire principale, Stéphanie Hoffman, qui est une cliente. Nous lui avions notamment acheté I Care des Sources, la mère du bon Benou, que nous avons élevé et qu'elle a racheté aux ventes. Du coup, nous l'avons appelée pour lui dire que Jigme avait le profil d'un bon sauteur, et nous en avons acquis une partie avec elle, Marc Bridoux, et Frédéric Sauque. L'année est encore longue, mais il a l'air d'un très bon. Nous serons à Auteuil ce week-end pour le Prix Aguado, qui constitue une nouvelle étape en vue de sa carrière d'étalon."

Cette fois-ci au complet sur la photo, la famille Garçon vit aussi une belle histoire avec Jigme...un élève de la Yeguada Centurion qu'ils ont fait naître, élevé, et grandir ! (aprh)

Ces bons résultats, quelle que soit la discipline, sont le résultat d'une vraie croissance de l'effectif au sein du haras de l'Hôtellerie, avec un développement de la jumenterie maison : " Aujourd'hui, nous avons une centaine de juments sur le Haras, et on en refuse... La demande pour élever en France est croissante, ce qui est un très bon signe pour ceux qui veulent se lancer. Il y a un peu plus de 10 ans, nous sommes partis d'une ferme laitière où tout était à refaire, donc c'est une certaine fierté d'avoir pu construire cela en famille, et d'en voir les résultats. Personnellement, nous avons une quinzaine de poulinières, entre plat et obstacle, mais aussi des poulinières en association avec nos clients. Cela les met en confiance, et cela nous permet aussi d'investir dans des pedigrees plus haut de gamme. L'union fait la force ! ". Sur tous les fronts, de l'élevage aux ventes, et du plat à l'obstacle, ce premier classique a une allure de consécration pour la famille Garçon. Une grande victoire, qui au vu du travail accompli et des investissements, en appelle bien d'autres...