L'histoire de DNA Pedigree: Alidiva, la poule aux oeufs d'or

06/05/2020 - Grand Destin
Tout comme son pendant masculin "Chef de Race",  "Jument d'Élite" sert à qualifier une poulinière dont les produits sont de grande qualité. Ainsi, l'histoire de Thierry Grandsir (DNA Pedigree) cette semaine a pour sujet la première "poule aux oeufs d'or" de l'Histoire des courses: Alidiva. Une jument au très beau modèle dont trois de ses produits ont remporté chacun un Gr.1 au cours de l'année 1997.

 

Alidiva (1987-2014), par Chief Singer et Alligatrix (Alleged)
 
 
Le titre honorifique de Chef de Race, accordé aux étalons ayant marqué leur production d’aptitudes dominantes, a son pendant pour les femelles. On parle alors de Juments d’Elite, une distinction qualifiant les poulinières au regard de la haute qualité de leur descendance. L’une d’elles, répondant au doux nom de Alidiva, a marqué l’Histoire des courses à sa manière.
 
 
Charles-Henry Wacker est un éleveur américain de souche allemande : son arrière-grand-père, né à Württemberg, était devenu un grand industriel à l’âge de 54 ans après avoir exercé les professions d’ouvrier agricole puis de brasseur, et son grand-père avait contribué à la recontruction de la ville de Chicago après le terrible incendie de 1871. D’où une fortune familiale qui atteint son paroxysme en 1987, lorsque son père vendit sa société pour plus de $50,000,000. Une grande année pour la famille, qui enregistra le 2 avril la naissance en Irlande d’une pouliche baie arborant quatre balzanes et une étoile en tête, Alidiva. Un modèle splendide, fort et puissant, une tête expressive, des canons courts, de l’os, un peu brassicourt et des jarrets légèrement coudés, bref une vraie Northern Dancer. Sauf que, à la lecture de son pedigree, Northern Dancer est inscrit aux abonnés absents…
 
Cela n’empêcha nullement Alidiva de faire carrière. Elle débuta en effet victorieusement sur les 1200 m de Newmarket à 2 ans et remporta deux succès l’année suivante, dont les Oak Tree St. (Listed) sur 1400 m à Goodwood. Des performances qui font d’elle le meilleur produit de son géniteur, le Champion Sprinter mais médiocre reproducteur Chief Singer, pourtant vainqueur des Sussex St. (Gr.1) et de la July Cup (Gr.1) après avoir décroché l’accessit d’honneur des 2000 Guineas St. (Gr.1) de El Gran Senor. Sa mère Alligatrix (Alleged), troisième du Fillies’ Mile (Gr.3) à 2 ans, produira huit ans après Alidiva le distingué Croco Rouge (Rainbow Quest), vainqueur des Prix Lupin (Gr.1) et d’Ispahan (Gr.1). Malgré un pedigree encore sans grand relief mais à la faveur de ses performances et de son modèle, Alidiva entra au haras en 1991, à l’âge de 4 ans. Et comme le chaînon manquant de son papier est Northern Dancer, c’est la lignée mâle de ce grand Chef de Race qui fut privilégiée pour ses premiers croisements : Last Tycoon (Try my Best) pour commencer, puis Royal Academy (Nijinsky II) deux saisons de suite. Et ses trois premiers foals la couvrirent de gloire en 1997 :
 

4 mai 1997 – Newmarket – 1000 Guineas St. (Gr.1). La pouliche de 3 ans Sleepytime (par Royal Academy et Alidiva) pulvérise ses rivales et l’emporte de 4 longueurs devant Oh Nellie, Dazzle et Pas de Réponse. Elle sera élue Championne des 3 ans en Europe.

 
 
Sleepytime remporte les 1000 Guineas St. (Gr.1) 1997 par 4 longueurs
 
 
10 juillet 1997 – Goodwood – Sussex St. (Gr.1). Le poulain de 4 ans Ali-Royal (par Royal Academy et Alidiva) l’emporte devant son cadet Starborough. Ce fut sa dernière sortie avant d’entrer au haras.
 
 
 
Ali-Royal, vainqueur des Sussex St. (Gr.1) 1997 pour sa dernière sortie
 
 
28 septembre 1997 – Cologne – Europa-Preis (Gr.1). Le 5 ans Taipan (par Last Tycoon et Alidiva) bat le classique Luso de 2 longueurs. Il récidivera à ce niveau le 9 novembre en s’adjugeant le Premio Roma (Gr.1) en Italie, et réalisera le doublé dans ces deux courses en 1998.
 
Pour la première fois de l’Histoire des Courses de galop, une poulinière a vu trois de ses produits remporter chacun au moins une course de Gr.1 la même année en plat. Alidiva sera élue Broodmare of the Year en Irlande puis en Italie en 1997, et méritera ensuite la distinction de Jument d’Elite. Alidiva s’est éteinte le 17 mars 2014 à Taylor Made Farm (Kentucky) où elle résidait depuis une décade, à l’âge vénérable de 27 ans, après avoir donné le jour à 12 foals, 9 vainqueurs dont 4 gagnants de Stakes. A ce jour, 22 performers black type appartiennent à sa descendance dont It’s Somewhat (Dynaformer), vainqueur du Doncaster H. (Gr.1) en Australie. L’exploit réalisé par Alidiva n’a pas été égalé. Certes, les matrones Hasili et Urban Sea ont fait mieux en global, avec respectivement cinq produits gagnants de Gr.1 pour la première et quatre pour la seconde, mais sans comptabiliser trois vainqueurs la même année. En 2017, la jument Meow a enregistré les victoires de Gr.1 de ses produits Churchill et Clemmie, et Misty For Me celles de Roly Poly et de US Navy Flag. En 2018, ce fut au tour de Halfway to Heaven d’être à l’honneur avec Rhododendron et Magical. Ça chauffe, mais il en manque toujours un…
 
Alidiva est donc là pour nous rappeler que la poule aux œufs d’or peut éclore dans n’importe quel élevage, sans pedigree haut de gamme, sans palmarès classique, et sans rencontrer les étalons les plus chers…
 
 
 

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