Triple Couronne US (suite) : War Admiral, le rival de Seabiscuit
War Admiral
Fils du légendaire Man O’War, et d'ailleurs entrainé à Glen Riddle Farm dans le Maryland par George Conway, l’ancien assistant de Louis Feustel, le mentor du crack, War Admiral est né en 1934 à Lexington dans le Kentucky, à Faraway Farm, chez Samuel Doyle Riddle. Sa mère, Brushup (Sweep), avait déjà donné naissance à 5 foals, toutes des pouliches qui ne se distingueront pas sur la scène hippique.
Monté par Charles Kurtsinger (surnommé Flying Dutchman), War Admiral est archi favori à 9/10 des 69e Belmont Stakes le 5 juin 1937. Il imprime du rythme à la course comme il l’a fait dans les premières étapes et bat en 2’28’’60 le temps record de l’épreuve de 20 centièmes détenu depuis 1920 par Man O’War, son père (à cette occasion, War Admiral égale le temps record mondial d’Handy Many en 1927 à Latonia, mais comment comparer ces deux «track»). Fatigué par ses 2 duels perdus, Pompoon termine 6e sur 7 partants.
- Seabiscuit, né à Claiborne et propriété de Gladys Mills Phipps (évoquée dans l’article sur Gallant Fox), était un fils de Hard Tack lui-même issu de la semence de Man O’War.
- Chaque hippodrome se dispute pour obtenir le match de War Admiral contre Seabiscuit. Belmont Park offre $ 100.000 (une somme rondelette que seul, le Santa-Anita H. distribue) mais Seabiscuit n’est pas prêt, Suffolk Downs propose $ 50.000 d’allocations en juin mais le temps ne s’y prête pas (il fait trop chaud), Arlington Park (Chicago) offre $ 100.000 en juillet, mais l’air est trop humide. C’est finalement Pimlico qui l’emporte mais avec seulement $ 15.000 au vainqueur. Mais l’important était ailleurs...La foule vient de partout y compris les stars d’Hollywood, les politiciens de Washington (à proximité) dont Franklin Roosevelt en personne et même, en provenance d’Angleterre, Peter Beatty, le propriétaire de Bois Roussel, vainqueur du Derby anglais de l’année.
Mauvais père de pères, remarquable père de mères
- Le Kentucky Derby : ils ne sont que deux vainqueurs à être descendus sous les 2 mn. Secretariat, en 1’59’’40 (1973) et Monarchos en 1’59’’97 (2001) sur 2.000 m. Si l’on peut comparer (mais c’est délicat), le temps record de Longchamp sur la distance est de 2’00’’90. et à St-Cloud (à gauche comme aux USA) de 2’00’’20.
- Les Preakness S. se déroule sur 1.900 m. de la piste en sable de Pimlico (Maryland) depuis 1925. Le temps record est détenu par Secretariat en 1'53"40, ramené (en 2012) en 1’53’’ après avoir revisionné le film. Canonero détenait le précédent record qui n’a tenu qu’un an en 1’54’’00. A l’époque de Man O’War, il fallait aller au bout des 1.800 m. qu’il avait accomplit en 1’51’’60.
- Les Belmont S. se déroulent sur 2.400 m. depuis 1926 et le temps record remonte à 1973 avec les 2’24’’00 de Secretariat. Le second meilleur chrono est détenu par A.P. Indy, plus « slow » de 2’’15 réalisé en 1992. Le temps record du parcours de Longchamp est de 2’24’’30 établi en 2005 par Scorpion dans le Gd Prix de Paris.
- Secretariat est donc toujours détenteur des trois temps record de la triple couronne mais il est également détenteur d’un autre record, celui des 1.800 m. Lors de la Marlboro Cup, de septembre 1973 à Belmont, une épreuve est créée spécialement pour la venue de Secretariat. Il en profite pour établir un nouveau record du monde sur 1 800 m. sur le dirt (1’45’’40) battant Riva Ridge et Cougar. Le précédent record ne datait que de l’année précédente à l’occasion des Stymie H. en 1’46’’20, temps mis par Canonero qui venait à bout du même Riva Ridge.
- 12 octobre 1920 : Man O’War-Sir Barton (dans l’Ontario)
- 19 mai 1924 : Sir Gallahad-Epinard (à St-Cloud)
- 27 septembre 1924 : Ladkin-Epinard (Aqueduct)
- 1e novembre 1938 : War Admiral-Seabiscuit (Pimlico)
- 31 août 1955 : Swaps-Nashua (Chicago)
- 6 juillet 1975 : Foolish Pleasure et l’infortunée, Ruffian (Belmont)
- Sam est donc né à Glen Riddle (Pennsylvanie) en 1861, d’un père né en Irlande et expatrié aux USA en 1825. Samuel Doyle (du nom de sa mère) Riddle, l’ainé d’une fratrie de 4 enfants (un frère et deux sœurs) est un riche homme d’affaires dans le textile (héritage de son père et de son grand-père). Il s’associe à son neveu par alliance, Walter M. Jeffords Sr. pour acheter un haras près de Lexington, Faraway Farm où Man O’War fera la monte (nous y reviendrons).
- Un des fils de Robert Gerry (Edward Harriman Gerry), l’underbidder, a épousé la texane Martha B. Farish, co-propriétaire avec sa mère du champion Forego. Première femme à être admise au sein du Jockey Club US (1983), elle décéde en 2007. Elle était la fille de William Stamps Farish II (président de Standard Oil et surtout grand éleveur en son haras texan, Lazy F. Ranch). Le frère de Martha achète, en 1979, Bosque Bonita Farm (haras situé à Versailles, près de Lexington, ancienne propriété, au 19e siècle, du Général Abe Buford) qu’il va rebaptiser Lane’s End Farm, aujourd'hui l'un des plus grands haras du monde.
- August Belmont Sr. avait importé d’Angleterre, St Blaise, le vainqueur du Derby d’Epsom 1883. Il sera étalon tête de liste aux USA en 1890. L’année suivant le décès d’August, il est procédé à une vente de dispersion dont St Blaise fait partie. L’acquéreur, Charles Reed, va débourser $ 100.000, un record pour un étalon. Il rejoint le Tennessee à Fairway Farm où il n’a pas le même rendement que dans le Kentucky. Il est racheté par le fils d’August Belmont en 1902, qui le réinstalle à Nursery Stud. (désolé, je ne connais pas le prix de rachat). Il meurt en 1909 dans l’incendie d’un « barn ».
- Dans une revue, parue en 2003, retraçant les plus grands éleveurs américains du siècle dernier, l’historien hippique américain Edward L. Bowen, classe August Belmont en 3e position derrière James Keene et John Madden (relaté lors de l’article sur Sir Barton). Samuel Riddle et Walter Jeffords arrivent au 8e rang derrière la famille Whitney, Arthur Hancock Sr. (Claiborne) et William Woodward (relaté lors de l’article sur Gallant Fox).
Notes :
- Marié en 1921 à Marion Gascoyne, Clarence Kummer, le jockey de Man O’War, décède d’une pneumonie en décembre 1930. En 1932, sa veuve épouse l’ancien jockey vedette, Earl Sande, le pilote du Triple Crown-winner, Gallant Fox (relire l’article).
- Pour l’anecdote, le cheval était constamment protégé contre les fans qui voulaient « tout simplement » lui arracher des poils pour garder un souvenir. Les constantes menaces sur sa vie rendent nécessaire la présence de vigiles.
- Les relations entre Feustel et Riddle sont tendues et en juin 1921, le divorce est consommé. L’ancien employeur de Louis Feustel, August Belmont, qui avait reconstruit son élevage, le rembauche pour préparer ses yearlings, même si Feustel remporte en mai 1922 deux belles courses pour Riddle.
- Avant le décès (en décembre 1924) de son propriétaire, August Belmont, surnommé, « le Major » (organisateur de la tournée américaine d’Epinard), Ladkin (Fair Play) remporte une course à Aqueduct, le 27 septembre, dans laquelle le célèbre français, Epinard, termine à un nez.
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