Chaser Day 2014 : Résultats, photos et VIDEOS
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Les combats ont bien eu lieu ! Mais pas le long d'une droite qui se termine par un poteau d'arrivée, mais deux pistes parallèles installées au milieu du rond de présentation de l'hippodrome de Paray-le-Monial en Saône-et-Loire. Le Chaser Day, ancien concours AQPS de Paray-le-Monial, s'est est toujours qualificatif pour la grande finale de Decize, a pris une envergure toute nouvelle depuis l'an dernier. Ouvert aux pur-sangs, il profite désormais d'une organisation et d'une couverture médiatique qui en ont fait un événement en soi et France et à l'étranger, puisque plusieurs propriétaires, entraineurs et courtiers anglais et irlandais font désormais le déplacement. Vu la quantité de chevaux (une centaine), deux pistes sont crées pour juger les 2 ans mâles et femelles (AQPS et PS séparés) le matin puis les foals mâles et femelles (AQPS et PS mélangés) l'après-midi. Chaque jury est composé de 3 juges, qui peuvent varier selon les sections. Et si les vainqueurs de chaque section ont été relativement aisés à désigner, le choix des champions suprêmes a été autrement plus complexe avec l'ensemble des juges : Claude-Yves Pelsy (Elevage d'Airy), Yann Poirier (Haras du Chêne), Xavier Leredde (Haras des Rouges), Karine Guillochon, Michel Parreau-Delhote, Eric Leray et Steven Kemble).
Le champion suprême des 2 ans est double ! A gauche, Class Conti finit ex aequo avec Chère Maman.
Ainsi,pour les 2 ans, parmi les 6 vainqueurs de sections, il a fallu faire un choix entre deux finalistes tous les deux issus de très grands pédigrées mais présentant des profils bien différents : le 27 Class Conti (Patrick Joubert), un AQPS frère du champion Silviniaco Conti par le très confirmé Poliglote, et le 43 Chère Maman (Haras de Saint-Voir), une PS fille du jeune Coastal Path et Maîtresse (Singspiel), gagnante du Prix de l'Elevage. Lorsque les bras ont commencé à se lever au ciel, et que le vote à main levé a conclu à une égalité, il a été décidé de les mettre champions suprêmes ex-aequo !
Ls débats ont été passionnées entre les juges pour le choix des champions suprêmes !
Le même choix cornélien est réapparu concernant les foals. Là sont entrés en duel le 61 Empreinte Reconce (Haras de la Reconce), une des dernières pouliches de Voix du Nord (mort au début de la saison 2013), AQPS cousine de Quel Esprit, et le 91 Roots Boy (Elisbeth Sambardier), un fils PS de Lord du Sud avec une mère par Bering. La femelle était né le 13 février et le mâle le 20 avril. Leur développement physique n'était donc pas du tout le même. Après un débat animé, la monumentale Empreinte Reconce s'est imposé d'un souffle face à Roots Boy, un sportif tout en muscle et très bien équilibré.
C'est au terme d'une longue discussion qu'Empreinte Reconce (à gauche) a arraché la victoire à Roots Boy (à droite)
Les concours sont bien sûr l'occasion aux étalons de se distinguer par les modèles de leur production. On a ainsi remarqué notamment que Coastal Path signait beaucoup sa production au physique (voir la photo du 43 Chère Maman), que Lord du Sud, arrivé au Haras du Favry en 2013, était représenté en nombre et apportait de la puissance à ses produits, et que Khalkevi continuait de transmettre beaucoup de chic et de dinstinction sans réduire la taille des foals alors que lui est tout petit. Il a même signé le trio gagnant de la 1e section de foals mâles avec les lots 88, 89 et 82.
Seamus Murphy : " on se bat pour trouver des chevaux à acheter ! "
Ce qui se passe actuellement sur le marché de l'obstacle, et donc les concours qui sont d'obédience AQPS à la base et donc fondés sur le saut, rappelle l'âge d'or d'avant 2008. Ainsi, avec août 2008 et le crack boursier, les foals d'obstacle se vendaient comme des petits pains dans les prés aux courtiers anglais et irlandais, parfois quelques semaines sinon quelques jours après leurs naissances pour les meilleurs, à tel point que les concours de foals mâles s'est trouvaient dépecés et encore plus les lots de 2 ans mâles ne ressemblant que ceux qui étaient restés en France, certains par choix des éleveurs et la plupart car pas assez beaux ni bien nés pour susciter les convoitises britanniques.
Vu l'état flamboyant du marché, il devient difficile de composer des lots fort et homogènes de 2 ans mâles parmi ceux qui sont restés en France.
Puis est donc arrivé 2008 et la grande dépression : 40% de juments à la casse en Irlande, et une diminution dramatique de 25% des naissances chez les AQPS passant aujourd'hui péniblement la barre des 700, du à la moins grande aisance à la vente, le vieillissement et non renouvellement des petits éleveurs traditionnels cumulés avec la disparition des Haras Nationaux et la désertification des hippodromes qui plombe le moral des troupes. Pourtant, le monde de l'AQPS et de l'élevage d'obstacle est merveilleux. Ainsi, aujourd'hui, la flambée est reparti encore plus fort qu'avant, comme l'explique l'irlandais Seamus Murphy. " Les dernières ventes de Goffs ont connu une augmentation de 40%. Et c'est pour tout le monde pareil acctuellement. Je prédis même une explosion des chiffres d'Arqana en juillet. En Irlande, il y a une véritable pénurie de juments. Je cherche beaucoup de chevaux en France mais je constate qu'il y a une très nette sous-production par rapport à la demande. Pour trouver des chevaux de qualité, il faut se déplacer souvent et voir les foals très tôt après leur naissance sans attendre que la concurrence vous les prennent sous le nez ! Personnellement, je prépare même mes achats avant la naissance en étudiant les jumenteries et plans de monte qui sont publiés par les éleveurs sur France Sire. Objectivement je ne saurais que conseiller très vivement à tous les éleveurs d'y publier leurs jumenteries, plans de monte et production car je peux vous garantir qu'en Irlande et en Angleterre, on regarde tous cela pour faire notre marché. C'est à un point que je cherche depuis des moins un beau 2 ans, bien né issu d'un étalon populaire, mais en vain. Tout simplement car sauf à avoir la chance de trouver un "oublié" quelque part, ce type de cheval a déjà été vendu foal à mes collègues ou à moi-même ! "
Les pistes parallèles du Chaser Day sont installés au milieu du rond de présentation, avec les boxes à quelques pas.
Le retour de l'âge d'or
Evidemment, on n'attire pas les mouches avec du vinaigre et il faut s'adapter aux critères de sélection de l'acheteur (la masse, les jarrets parfaits, la robe bai et le père commercial avant la souche maternelle), qui ne sont pas les mêmes que ceux retenus d'habitude par les éleveurs d'obstacle français, nettement plus intéressés par le tempérament dur, le punch naturel et surtout la qualité de la souche maternelle. C'est d'ailleurs cette obsession des juments, souvent sélectionnés elle-même en course, qui a fait la réussite des éleveurs français (avec aussi des entraineurs beaucoup moins frileux que les anglais) alors qu'ils utilisaient tradionellement l'étalon des Haras Nationaux le moins cher et le plus près, mais forcément le meilleur...Il n'empêche que s'il faut aujourd'hui investir plus dans les saillies qu'auparavant pour avoir une chance d'exister avec un poulain d'obstacle, il est tout à fait crédible de demander entre 10.000 et 15.000 € d'un foal ayant couté entre 1.500 et 2.500 €. Cela est absolument magique et le monde du plat aimerait pouvoir profiter de telles marges !
Bruno Vagne, un homme heureux qui élève de bons AQPS, et qui les vend.
En conclusion, à avoir suscité un énorme engouement des portefeuilles britanniques vers les campagnes françaises le splus profondes, les finales des concours de modèles et allures risquent aujourd'hui d'être victimes du succès construit avec beaucoup d'effort depuis celui de Decize initié voilà 20 ans Andrée et Jacques Cyprès dans le Nièvre (voir le film), qui d'ailleurs met à terme à sa section 2 ans en 2014. De la même façon que les courses d'AQPS qui manquent de partants depuis le début de l'année. C'est le revers de la médaille d'une santé flamboyante du secteur et terme d'exportation. Certains rabat-joie viennent à dire que la France est victime d'un pillage. Ce sont aussi les mêmes qui pleuraient après 2008 avec leurs foals que personne ne venaient voir dans les prés, car tout le systême de valorisation du cheval d'obstacle, faute d'un propriétariat français quasi inexistant sorti de quelques grands noms et certains poètes, s'écroulerait totalement sans les générosités anglaises et irlandaises.
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