Martinborough, un pari réussi pour l'obstacle !
Martinborough, un invité assez atypique à la table des pères de sauteurs à suivre !
Considéré comme le Galileo japonais, Deep Impact a été un étalon à la réussite extraordinaire, qui a marqué durablement l'élevage mondial. Quand Martinborough est devenu son premier fils au Haras en France en débutant en 2017 à Grandcamp, il s'agissait donc d'une petite attraction. La particularité de ce cheval est qu'il a été ramené dans l'hexagone sous l'impulsion de Guy Chérel notamment, qui voulait ramené de la vitesse sur une jumenterie d'obstacle un peu "diesel". Un pari assez fou avant coup, puisque Deep Impact n'a évidemment aucune référence dans la discipline, et n'a même pas donné un gagnant de Nakayama Grand Jump, qui est la grande course du pays sur les obstacles. Et pourtant, quelques années plus tard et alors que sa première génération vient de prendre 4 ans, Martinborough répond déjà aux attentes... contre toutes attentes !
Deep Impact, référence mondiale en matière élevage
Evidemment, il est facile de dire que la pari est réussi une fois qu'il est réussi. Avant le coup, Martinborough n'avait rien pour faire un père de sauteur. Fils de Deep Impact donc, avec une mère par Nureyev, il a gagné 2 groupes en plat sur 2000m, et provient d'une famille exceptionnelle certes, celle de Cheval Grand, Vivlos, Singspiel ou encore Campanologist, mais sans aucun sauteur visible dans le pedigree. Après tout, quand ils sont nés pour le plat et qu'ils sont bons, pourquoi diable les faire sauter vous me direz ! Martinborough a pourtant sailli environ la moitié de juments à vocation obstacle sur ses 71 saillies de 2017, et semble en plus produire plus grand et puissant qu'il ne l'est lui-même.
Revoir Martinborough à la Route des Etalons 2018 au Haras de Grandcamp
Il fallait donc avoir de la vision et de la suite dans les idées, c'est à dire bien exploiter les poulains à l'entraînement. Douées assez naturellement sur les haies, les jeunes pousses de Martinborough ont montré le bout de leur nez dès le printemps sur les obstacles parisiens avec Bella Scintilla, jugée digne de débuter dans l'important Prix Géographie, avant de monter sur le podium à Compiègne et Auteuil. S'il a fait beaucoup de vainqueurs en plat et même un black-type très précoce comme Central Park West, Martinborough a attendu l'automne pour faire son premier vainqueur en haies à Fontainebleau en novembre.
Golden Sand, premier vainqueur de Martinborough à la fin novembre 2021 à Fontainebleau (aprh)
Depuis, les rejetons de Martinborough n'ont cessé de s'illustrer en haies voire même en steeple ! Un poulain comme Contre Ordre a enchaîné les succès cet hiver, tandis que Mind Glory, soeur du champion Master Dino, a ouvert son palmarès avec brio à Angers en décembre sous la coupe de François Nicolle. Inspace lui a apporté un premier black-type dans la discipline en se classant 2e du Prix André Massena (listed). Et enfin, et surtout, il y a le fameux Diavolezza, qui est invaincu en 2 sorties en haies après remporté le Prix Joseph de Gontaut Biron hier à Pau. Il est l'illustration parfaite du soutien apporté par Guy Cherel, qui l'a élevé, et avait donc présenté à la saillie dès 2017 sa mère Happy Fellow, une soeur de l'excellente Salsa Melody (Prix Bournosienne Gr.3) par Astarabad. Poulain au physique de déménageur, Diavolezza se dirige maintenant vers le Prix Camille Duboscq (listed), la Grande Course de Haies des 4 ans paloise.
Au centre ici, le grand alezan Diavelozza semble être un prospect de premier plan en 2022 (photo Robert Polin)
Voilà donc une percée complètement folle et inattendue, mais sciemment préparée de Martinborough dans la discipline de l'obstacle. Cela tombe à pic, puisque le fils de Deep Impact sera à (re)découvrir ce week-end au Haras de Grandcamp lors de la Route des Etalons. A l'heure où la vitesse et la précocité sont de plus en plus requises en obstacle, il fait figure de bonne affaire à 3000 € la saillie...Qui l'eût cru !