La Saint-Nicolas à Craon : une culture, ça se travaille
S'il n'avait pas de partant, Gabriel Leenders est venu en famille, ici avec son fils Henri, pour passer tout simplement une belle journée aux courses pour la Saint-Nicolas.
Si l'Ouest en général et l'Anjou en particulier bénéficie d'une riche culture des courses, le public laissé à l'abandon pendant tant d'années par la plupart des organisateurs avaient quand même fini par fuir les hippodromes, y compris dans les campagnes. Fort heureusement, une nouvelle génération relève le gant, que ce soit des nouveaux arrivants ou des gens installés depuis quelques années et qui se sont désormais émancipés de leurs encombrants prédécesseurs d'autant plus vite que le Covid et ses courses à huis clos ont démontré de façon imparable le drame auquel conduisait l'absence de public. Il n'y a pas si longtemps que cela, on a entendu un vieux militaire sur un autre hippodrome de la Fédération Anjou Maine, demander à son Conseil d'Administration pourquoi il fallait s'embêter à accueillir du public...
A Craon, l'équipe dirigée par Hugues Crosnier et Nicolas Lefebvre a choisi un axe radicalement opposé à celui des fossoyeurs des courses. Non seulement, elle a relevé la barre de fameux meeting des Trois Glorieuses qui tombait en désuétude depuis tant d'années, fêtant en grande pompe le 175e anniversaires des courses de Craon en 2023, mais elle casse des codes pour construire une nouvelle histoire. Après tout, une culture, ça se travaille. Une légende, ça s'entretient toute comme une habitude, ça se crée. " L'avenir des courses, ce n'est plus nous, ce sont les jeunes ", aime à répéter le président.
Alexandre Roussel en pleine action vient arracher à l'extérieur la victoire avec Garry d'Azé pour Norbert Leenders dans le handicap Prix Pineau Thermic System.
Ainsi, pour la 2e année, l'hippodrome de Craon organise une réunion de courses début décembre sur la thématique de la Saint-Nicolas. Ce n'est pas un énième marché de Noël comme tout le monde le fait désormais avec tout un tas d'objets en plastique chinois, mais une fête ancestrale qui a plutôt cours dans l'Est et le Nord de la France, ainsi qu'en Belgique, en Allemagne et Autriche, normalement le 6 décembre. Saint-Nicolas y récompense les enfants sages par des friandises, tandis que le père Fouettard qui l'accompagne punit les autres. Mais bien sûr, un jour de fête, tous les enfants sont sages.
La mayonnaise commence à prendre et les parkings étaient pleins avec de très nombreuses familles, dont beaucoup découvraient les courses. Il suffisait de laisser trainer les oreilles et d'écouter les conversations, notamment celles qui s'étonnent de la finesse des chevaux de courses. Certainement des braves gens qui n'ont vu jusque là que des chevaux de trait dans les films et des poneys dans les clubs, pensant comme tant d'autres que les courses sont inaccessibles voire privées.
Des étals de produits et jouets locaux jusqu'à l'indispensable bar à huitres en passant par les musiciens, le cracheur de feu, les mascottes, les stands, l'animateur et le marchand de chichis, tout était réuni pour plaire à un grand public qui ne gâche pas son plaisir. Bien sûr, de nombreux professionnels régionaux se sont aussi déplacés pour goûter à l'une des dernières réunions de l'ouest avant la trêve hivernale. Evidemment, à Craon en décembre, le terrain est lourd. L'inverse sera anormal. Alors, les jockeys finissent à l'extérieur. Il n'y a qu'une course de haies afin d'épargner la piste plate, les steeple ne vont pas trop vite et le cross se dispute sur un parcours adapté, crée sur mesure pour l'occasion afin d'éviter les parties les plus pénibles tout en allant quand même dans une partie des champs et de franchir le passage de route. Car à Craon, la discipline reine reste le cross. Une tradition, ça se construit mais ça se respecte un peu aussi !
Monté par Kilian Dubourg, un angevin, ex du Lycéen Joachim du Bellay à Angers, Travel de Bel Air (Masked Marvel) y a effectué une démonstration. Favori, le vainqueur s'est retrouvé entouré pour la photos des balances d'une horde de jeunes étudiants tout sourire venus immortaliser l'événement avec le propriétaire Pierre de Maleyssie Melun. Il s'agissait en l'occurrence d'une joyeuse bande de jeunes étudiants de l'Esca, une école de commerce prestigieuse à Angers, amenée ici par Eloi de Maleyssie Melun, le fils de Pierre. Présent avec son père la veille à Auteuil, celui-ci avait croisé le chemin d'Hugues Crosnier, qui l'a invité du tac au tac à appeler tous les camarades de classe pour venir à Craon en leur offrant une loge et une caisse de bulles. La plupart découvrait les courses. Ils en garderont un tel souvenir qu'on peut leur faire confiance pour prêcher la bonne parole !
Travel de Bel Air après son succès dans le cross Prix du Restaurant La Cantine de Château-Gontier, c'est à dire notre ami Mickaël Cousin.
Côté sportif, notons aussi le très plaisant succès en débutant en plat dans le Prix Point Bleu de la pouliche AQPS de 3 ans Kadija, une fille de Montmartre et de Dear Miss, 2e du Prix des Guillédines (Gr.3 AQPS), elle-même issue de la matrone Mademoiselle Wo (voir le pedigree). Sellé par le jeune entraineur Jeremy da Silva, ancien jockey qui se distingue d'emblée dans son nouveau métier 6 jours après son 1er succès à Auteuil, Kadija était montée par Christopher Grosbois, très bon jockey de l'ouest qui réussit son retour au 1er plan cet automne après avoir disparu des programmes pendant 9 mois.
Victoire de Ventosilla (Anodin) pour Antoine de Talhouet-Roy dans le Prix Chazé TP, le maiden pour 3 ans femelles.
Hugues Crosnier, le Président de Craon.
Montée par Christopher Grosbois, Kadija (Montmartre) gagne en débutant de bout en bout le Prix TGS France - Point Bleu.
Jeremy Da Silva tient sa pouliche Kadija. Voici un ancien jockey qui démarre fort en tant qu'entraineur.
Le choc des bonnets à la buvette.
Alice Poirier, tout sourire sur la bord de la piste.
Il faut dire qu'il y a du spectacle !
Une classe de l'Essca, école de commerce à Angers, s'est retrouvée en loge sur l'invitation de dernière minute du Président Hugues Crosnier, ici avec aussi André Martin, président de l'hippodrome du Lion d'Angers et élu dernièrement à la tête de la Fédération Anjou-Maine.
Alexandre Roussel, inamovible champion de l'ouest.
Impop Ville (Secret Singer) fait briller la casaque d'Edouard Poumaillou dans le Prix Radio Kazak en steeple.
Little Winner (à l'intérieur) remporte à la lutte face à Cleny le Prix Transports Gérard Brée, en steeple.
Little Winner, monté par David Gallon.
Geoffrey Ré en selle sur Filovent.
Nicolas Lefebvre, vice-président de l'hippodrome de Craon...
...et son fils Clément Lefebvre, jockey vedette qui a grandit sur l'hippodrome.
L'expérimenté Thomas Beaurain prodigue ses conseils à Aymeric Lelièvre qui monte au pied levé Falstaff dans le cross.
Le Cross ! A l'extérieur, Travel de Bel Air galope déjà aux avant-postes sous la selle de Kilian Dubourg.
Travel de Bel Air remporte le Prix de la Cantine de Château-Gontier
Pierre de Maleyssie Melun avec son fils Eloi après le succès de son représentant Travel de Bel Air.