Maulepaire au départ de son premier Arc avec Bubble Gift !
Bubble Gift ou la première du Haras de Maulepaire dans l'Arc de Triomphe (APRH)
La vie d'un éleveur a cela d'exceptionnel qu'elle peut faire vivre de grandes premières à chaque instant, même après des décennies d'activité. On parle souvent d'un éternel recommencement, et c'est bien le cas. Dans le genre, le Haras de Maulepaire de la famille de Tarragon passera dimanche un moment unique grâce à Bubble Gift, qui sera le premier partant d'Arc né et élevé sur les terres sarthoises près du Mans... sous la bannière Maulepaire en tout cas !
Biribi, un gagnant d'Arc né sur les terres de Maulepaire pour le compte de Jean Stern
En effet, l'endroit en lui-même est un haut lieu de l'élevage depuis le début du 20e siècle, et la création du Mesnil par Jean et Elisabeth Couturié. Ces derniers sont les grand-parents de Henri Devin, père de l'entraîneur Henri François Devin, et à la tête du Haras du Mesnil "version moderne" avec son épouse Antonia. Les terres, si elles sont aujourd'hui divisées entre le Mesnil et Maulepaire, ont déjà vu grandir des chevaux d'Arc, et même un vainqueur ! Parmi les premiers au palmarès de l'Arc, Biribi avait remporté la course en 1926, faisant briller l'élevage de Monsieur Jean Stern, qui l'avait fait grandir au Mesnil. Est venu ensuite le phénoménal Right Royal, champion incontesté des 2 ans et 3 ans français en 1960 et 1961. Ayant même gagné les King George contre les anglais, ce crack avait valu une visite de la Reine d'Angleterre au Mesnil en 1967. Malheureusement, il avait échoué d'un rien dans l'Arc en 1961, battu par l'italien Molvedo. 2 ans plus tard, le fort bien nommé Le Mesnil terminait lui aussi 2e d' Exbury.
Right Royal, un cheval de légende élevé au Mesnil par Elisabeth et Jean Couturié, battu avec les honneurs dans l'Arc 1961
Mais depuis cette époque, Le Mesnil et Maulepaire se sont divisés en deux parties totalement différentes. Si l'élevage de la famille Devin est privé, le Haras de Maulepaire tel qu'on le connaît aujourd'hui est devenu un établissement à vocation commerciale, qui fut d'ailleurs l'un des premiers du genre en son temps. Appartenant à la Comtesse de Tarragon et animé par Pierric Rouxel, le Haras de Maulepaire accueille aujourd'hui une majorité de ses juments pour une clientèle extérieure, et c'est bien pour celle-ci qu'il va s'aligner pour la première fois au départ d'un prix de l'Arc de Triomphe, qui plus est avec un cheval quasi-miraculé, Bubble Gift.
Le fils de Nathaniel est né à Maulepaire pour le compte de Zak Bloodstock, une entité dirigée par Mouna Bengeloun, et Ali et Amina Hakam. Ces derniers sont les enfants de Zakaria Hakam, un grand propriétaire marocain malheureusement disparu, qui a un fameux haras dans son pays d'origine, mais élève aussi à Maulepaire depuis des années. Son ex-femme Mouna Bengeloun a repris les affaires à sa disparition, et continué l'association avec Mikel Delzangles, qui avait entraîné dans les années 2000 une certaine Afaf, pemière gagnante de groupe de Zakaria Hakam en 2006 dans le prix Fille de l'Air. Comme la plupart des juments du petit élevage français de la famille Hakam, Bubble Back, la mère de Bubble Gift, avait été achetée aux ventes ARQANA, sur les conseils de Pierric Rouxel himself.
Mouna Bengeloun aux côtés d'un Bubble Gift très joueur après son succès dans le prix Niel (APRH)
Bubble Back a donné bien des satisfactions à Zak Bloodstock, d'abord avec Bubble Chic, placé classique en France qui avait été vendu juste après la disparition de Zakaria Hakam, alors âgé de 2 ans. Bubble Back aurait aussi pu passer en vente à ce moment là, mais n'avait pas été présentée car elle était vide. Bien en a pris à tout ce beau monde, qui a dû encore retenir son souffle pour voir Bubble Gift sur un champ de courses. Quand le cheval avait gagné son premier groupe au printemps dans le Prix Hocquart, bien avant sa confirmation dans le prix Niel, Pierric Rouxel nous avait alors compté l'histoire du bel alezan.
" Bubble Gift a une histoire particulière liée à sa naissance. Quand il est né, sa mère Bubble Back a eu une hémorragie interne, et nous pensions qu'elle allait mourir. Dans ces cas-là, il faut généralement laisser les chevaux au calme, mais en se couchant, elle a failli écraser Bubble Gift ! Nous l'avons donc sorti et mis dans un box voisin. Il n'arrêtait pas de "pleurer" en appelant sa mère, et elle aussi lui répondait. On l'a ramené dans le box, et Bubble Back s'est levée d'un coup en le voyant revenir ! Elle avait un instinct maternel exceptionnel, qui lui a permis de survivre et d'élever Bubble Gift. Malheureusement, elle est morte un an et demi plus tard, après une longue et belle vie au Haras. Bubble Gift a donc une histoire singulière, étant le dernier poulain de sa mère, et surtout magnifique. Pour toutes ces raisons, il a semblé évident pour Mouna Bengeloun et ses enfants qu'il fallait le garder et vivre l'histoire jusqu'au bout." Il semblerait bien que ce choix du coeur soit le bon, puisque Bubble Gift aura l'honneur d'être l'un des seuls français au départ, pas avec une première chance certes, mais courir un Arc est déjà une sélection ultime en soi.
Bien qu'ils élèvent régulièrement des chevaux capables de leur faire vivre les frissons de très haut niveau, le Haras de Maulepaire et toute son équipe vivront dimanche un moment unique, sur place ou bien au chaud devant la télévision. S'il est l'un des petits poucets de l'Arc, Bubble Gift restera comme un poulain marquant pour la famille Hakam, Mouna Bengeloun, et tout Maulepaire. Bonne chance au petit sarthois !
Mikel Delzangles et Gérald Mossé, les yeux rivés vers l'Arc pour la famille Hakam et le Haras de Maulepaire ! (APRH)