Le Haras des Marais, précurseur du compostage : comment ça marche ?

21/07/2019 - Focus Elevage
 " On recrée la flore et la vie de la terre que les engrais chimiques polluent. " Depuis 9 ans, Nicolas Simon a mis en place son propre système de compostage au Haras des Marais dans le Perche. Ce précurseur nous en explique aujourd'hui le fonctionnement avec images à l'appui.


Nicolas Simon avec sa femme Isabelle à l'entrée du Haras des Marais.

 

Personnage atypique, originaire de région parisienne, Nicolas Simon s'est installé avec sa femme Isabelle dans le Perche comme éleveur de pur-sangs et de trotteurs en pleine terre de chevaux lourds. Eleveurs du fameux sauteur voyageur Al Bustan, il ont développé un domaine de 80 hectares autour du Haras des Marais, ce qui est quand même un drôle de nom pour un endroit pas du tout marécageux, mais parcourant les collines de cette campagne très vallonnée, au pied des Alpes mancelles. Nicolas Simon a ses idées à lui, et ses idées sont vertes. Collectionneur de bonsaï, éminent spécialiste des orchidées, il s'est lancé bien avant la mode dans le compostage.

 

 

" Je fais du compost depuis 9 ans. Je sors 2500 tonnes de fumier par an. Or, les agriculteurs ne veulent plus de fumier. L'époque est lointaine où on échangeait la paille contre le fumier ! Alors j'ai réservé 2 hectares rien que pour cette activité. Quand on fait les boxes, on le dépose dans cet espace sous forme d'andain. Il fait suivre de très près la température du coeur de l'andain, qui doit monter à plus de 60° afin de tuer les grains de parelle et de chardon tout en préservant les bonnes bactéries. Si le coeur de l'andain n'est pas assez chaud, il faut l'arroser."

 

 

 

La semaine dernière, Nicolas Simon a procédé à une opération fatidique dans son processus. Une à deux fois par an, on aère les andaims à l'aide d'une composteuse. Cette machine refait les andains qui peuvent tripler de volume pendant l'opération. Le compost doit alors être étendu dans les 3 mois suivants." Là encore, il faut respecter les lois de la nature. " l'épandage doit s'effectuer à l'automne, car en hiver, les températures trop froides tuent les bonnes bactéries, tandis qu'en été, surtout avec les chaleurs qui règnent désormais, tout brûle sur place ! Pour l'épandage j'ai laissé tomber l'épandeur à fumier qui ne va pas bien car il abîme les prés et n'est pas assez précis. Je fais venir un terragator de la société Valmat qui permet d'épendre en protégeant les prairies tout en étant parfaitement précis sur le tonnage à l'hectares, grâce à la géolocalisation satellitaire. Egalement, cette année, je fais un essai de complémentation pour la 1ère fois avec les engrais naturels Tersen, fabriqués près d'Angers et proposés par Mathieu Grimaux. Cela me semble être un très bon produit que j'expérimente avec enthousiasme.


 

Nicolas Simon rend donc ses idées concrètes, mais cela n'est qu'un plaisir personnel. Cette esprit bio répond tout autant à des impératifs d'efficacité et de rentabilité. " Si je devais mettre l'équivalent en engrais chimiques, cela me coûterai 25.000 € à 30.000 € de plus ! Et de toute façon, les engrais chimiques polluent la terre. Au contraire, le compost recrée la flore et donc la vie de la terre. Je le contaste dans mes prés : j'ai de l'herbe moins haute et beaucoup mieux tapissée au sol."
 

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