L'histoire de DNA : Prince Rose, roi des Belges mort bombardé

25/03/2020 - Grand Destin
 Considéré comme un héros national en Belgique, Prince Rose fut le meilleur pur-sang jamais entrainé dans le plat pays. Crack des pistes bien que moyennement né, il devint un formidable chef de race international malgré sa mort précoce et dramatique sous un bombardement de la 2e guerre mondiale. Thierry Grandsir (DNA) nous conte une nouvelle histoire d'un cheval célèbre mais aux secrets forts méconnus.
 
PRINCE ROSE (1928-1944), par Rose Prince et Indolence (Gay Crusader)
 
 
Monsieur Niguet et le Docteur Coppez, citoyens du Royaume de Belgique, se rendirent à Newmarket en décembre 1929 pour acquérir des chevaux de handicaps. Ceux qu’ils convoitaient étant jugés trop chers, ils décidèrent d’acheter deux yearlings, histoire de ne pas rentrer à vide. Le plus honéreux des deux, qui ne leur coûta pourtant que 260 Guinées, présentait un pedigree parfait pour les handicaps : son père Rose Prince était un vainqueur du Cesarewitch Handicap et sa mère Indolence avait signé son seul succès à l’occasion du Makefield Handicap.
 
 
Sur le plan du modèle, le yearling présentait également de bonnes garanties pour bien faire à ce niveau : une bonne taille (il toisera 1,66 m à l’âge adulte), de bons tissus, de la distinction, et des aplombs corrects bien que brassicourt (signe de solidité, héritage de son aïeul St Simon).
 
Ce poulain, qui répondra au nom de Prince Rose, avait été mis en vente suite au décès de son éleveur Lord Durham, survenu quelques mois plus tôt. A peine le marteau tombé, le yearling fut importé en Belgique, et sa naturalisation fut demandée pour qu’il n’ait pas à porter de surcharges dans les handicaps. Prince Rose est certes né en 1928 en Angleterre, mais sera officiellement considéré comme un citoyen Belge !
 
 
L’infortuné Monsieur Niguet ne connaitra pas la suite de l’histoire, mais sa veuve conservera ses parts dans le poulain qui courra sous les couleurs du Dr Coppez. Et qui courra bien mieux que ce que l’on espérait, dominant sa génération à 2 ans avant de confirmer l’année suivante en alignantsept victoires consécutives dont le Grand Prix de Bruxelles, le Grand Prix d’Ostende et le Grand International d’Ostende, épreuve dans laquelle il se permit le luxe de devancer la Championne Pearl Cap, fraichement auréolée de sa victoire dans le Prix de Diane (Gr.1). La course sera rebaptisée quelques années plus tard : « Grand Prix Prince Rose » !
 
 
 
PRINCE ROSE et Cornélius Morjau, vainqueurs en 1932 à Saint-Cloud du Prix du Préisdent de la République, futur Grand Prix de Saint-Cloud.
 
Prince Rose fut logiquement jugé digne de participer au Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1), sa première tentative hors de Belgique :déséquilibré dans la descente, il décrocha toutefois une très belle place de troisième derrière l’intouchable Pearl Cap, cette fois au mieux de sa forme, mais précédant Brûlette et Tourbillon à la régulière.
 
Il ne connut plus la défaite ensuite, et demeura invaincu en cinq sorties à 4 ans dont le Prix du Président de la République (Gr.1 – aujourd’hui le Grand Prix de Saint-Cloud) dans lequel il s’imposa de peu mais avec autorité devant les bons stayers Taxodium et Gris Perle. Et c’est ainsi que Prince Rose devint un héros national ! 
 
 

Prince Rose, jeune étalon en Belgique.
 
 
Victime d’un claquage peu de temps après à l’entraînement, Prince Rose entra au haras en Belgique, sa naturalisation interdisant son exportation.Il connut quelques beaux succès avec la jumenterie locale, et fut finalement loué à Monsieur Lawrence (représentant de la Metro-Goldwin-Mayer à Paris) pour être stationné en France en 1938, au Haras de Cheffreville.
 
 
Le 20 août 1944, des soldats du 317e régiment d’infanterie de la 80e division américaine pénètrent dans Argentan libérée, ici à hauteur du croisement de la rue de la Poterie et de la rue Aristide-Briand (NARAs).
La ville d'Argentan, dont le Haras du Petit Tellier est à 3 kms du centre-bourg, a été l'objet d'un bombardement lors de la libération qui a été fatal à Prince Rose dont le boxe a été soufflé par un obus.
 
 
 
Après avoir échappé de peu à un enlèvement par les allemands en 1940, Prince Rose fut syndiqué sous l’égide de André Chédeville pour officier au Haras du Petit Tellier. Et ce jusqu’en 1944 où, sous la menace d’une attaque aérienne, le jeune Paul Chédeville (père de Patrick) entreprit de monter Prince Rose pour le changer de box et le mettre en sécurité, projet finalement abandonné devant l’obstination de l’étalon à pénétrer dans un box inconnu. On le ramena dans son box habituel, qui fut détruit par un obus…
 
Prince Rose n’avait que seize ans, mais il était déjà considéré comme un authentique Chef de Race, version « classique ». Il a volontiers transmis le bon caractère de son grand-père Persimmon et la tenue de sa lignée mâle. Tous ses produits avaient les jarrets droits, des jambes solides et de la distinction, les bais étant généralement plus expressifs et les alezans plus signés dans leur modèle.
 
 
 
 
ALL ALONG, gagnante du Prix de l’Arc de Triomphe, inbred sur PRINCE ROSE !
 
 
Prince Rose a tracé en lignée mâle via trois de ses fils :Prince Bio en France (vainqueur de la Poule d’Essai des Poulains, père de Sicambre), Prince Chevalier en Angleterre (gagnant du Prix du Jockey Club et géniteur de Charlottesville) ; et Princequillo aux USA (père de Prince John et de Round Table).Trois Chefs de Race qui auront véhiculé une composante Belge aujourd’hui présente dans tous les pedigrees !!!
 
 
 
 
 

 
 

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